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PENTOTHAL

Editions Le Manuscrit – 255 pages – ISBN 2-7481-0766-7 - 20€

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Début des années 80.
Romain Ferkal, anesthésiste au Samu, enchaîne sans états d’âme sauvetages en tous genres. A trente ans passés, sans autre attache que Laura, compagne de plus en plus épisodique, c’est son métier qui l’intéresse.
Un jour pourtant un accident spectaculaire va déclencher chez lui un profond sentiment de malaise. 
Et en acceptant –un peu par hasard– une improbable mission humanitaire dans une guérilla perdue, le médecin ne mesure pas à quel point sa vie va peu à peu basculer.

Critique de Pentothal : David Autret, “ Objectif Soins ”, avril 2002

“ Nous voici projetés dans la France du début des années 80. Les SAMU se multiplient et les services mobiles d'urgence et de réanimation interviennent de plus en plus massivement. A trente quatre ans, Romain Ferkal, médecin anesthésiste au SAMU, ne vit plus que par son métier, enchaînant les nuits de gardes et les sauvetages sans jamais se poser de questions. La relation épisodique qu’il entretient depuis plus de huit ans avec Laura, infirmière libérale, s’étiole peu à peu. Les deux amants évoluent en effet dans des mondes radicalement différents. Contrairement à Romain, la jeune femme a préféré fuir la froide et cruelle réalité hospitalière pour la chaleur et la convivialité du soin à domicile en milieu rural. Le médecin, lui, solidement ancré dans son quotidien d’urgentiste, se contente d’exercer le mieux possible son métier et d’endormir consciencieusement ses malades.

Un jour, lors d’une banale intervention, le destin de Romain Ferkal va irrémédiablement basculer. Pour la première fois et à la plus grande surprise de ses collègues urgentistes, le médecin dévoile un nouveau visage. Face à la mort imminente d’un chauffard accidenté, la compassion va prendre alors le pas sur le professionnalisme détaché du secouriste. Déjà désorienté par le délabrement de sa relation amoureuse, Romain se retrouve assailli par les prémices de cette prise de conscience. Sans trop savoir pourquoi, il accepte alors une mission humanitaire qui le conduit en Afrique orientale. 

Plongé au cœur des combats dans un hôpital de fortune, le jeune médecin se retrouve dès lors violemment confronté à la misère humaine et aux absurdités de la guerre. Par la force des choses, Romain redécouvre “ les vertus du penthotal, vieil anesthésique pratique et bon marché ”. Chaque jour, des dizaines de blessés défilent dans le bloc opératoire improvisé. Ferkal se confronte à une nouvelle conception du soin. Un quotidien rempli de plaies, de morts et d’amputations où la notion de temps s’estompe. De retour en France, le souvenir de cette expédition africaine réveillera à son insu sa conscience. Une expérience de près de deux mois qui aura bouleversée définitivement son existence. 

Un univers grisâtre, presque opaque 
Avec pour toile de fond le milieu hospitalier et urgentiste des années 80, Gilles Martila signe un roman sombre où s’entrecroise une multitude de personnages plus ou moins marqués par la fatalité. Du jeune médecin aux dents longues à l’infirmière indignée et révoltée, en passant par le respectable professeur à l’ego démesuré, tous ses personnages sont douloureusement ancrés dans la réalité des métiers du soin de l’époque. Sans concession, le romancier exclue la caricature pour nous brosser des portraits détaillés, souvent cruels par leur vérité. Gilles Martila nous présente donc des êtres entiers, parfois obsédés par la réussite, la mort, ou encore animés par un humanisme débordant. 

Au travers de “ Pentothal ”, l’auteur s’attache aussi à nous dépeindre un univers grisâtre, presque opaque. Une institution qui brise implacablement tous ceux qui aspirent au moindre changement ou manifestent un tant soit peu d’humanité. Un système codifié et cloisonné où les golden boys de la santé peuvent assouvir leurs ambitions, où les résignés continuent de faire de fonctionner l’énorme machine. D’autres personnages, tout en contradictions, parviennent néanmoins à émerger de ce pessimisme ambiant. Des êtres comme Laura ou encore Romain, pourtant profondément meurtris par les désillusions amoureuses et professionnelles. 

Animés par une perpétuelle quête de sens, ces personnages attachants voient leur destin les rattraper. Déjà fragilisés, ils ne peuvent alors que plier sous le poids d’un système déshumanisé. On pourrait ainsi croire, à tort, que Gilles Martila nous dépeint dans “ Pentothal ” un tableau irrémédiablement alarmiste, voire défaitiste du secteur hospitalier. Que si le bonheur existe, c’est en dehors de l’institution qu’il faut le chercher ... Non, s’il y a bien une morale à ce roman, c’est qu’avec le temps tout peut changer. Car, si certains de ses protagonistes ne peuvent que sombrer, d’autres se révèlent à eux-mêmes, s’ouvrant à de nouvelles perspectives. Ainsi, plutôt que d’édulcorer les réalités hospitalières de l’époque, avec “ Penthotal ”, le romancier emprunte à la croyance populaire pour nous délivrer ici un véritable sérum de vérité.

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